Complaintes criminelles, ballades sanglantes et autres chansons sinistres
La tradition populaire possède des chansons étranges : on y parle de cette jeune fille qui se transforme en biche la nuit, et que son frère chasse avec sa meute; on y parle d’un homme qui cache ses 300 épouses assassinées dans 300 chambres fermées à 300 clefs; on y raconte les crimes de Renaud le tueur de femmes, qui finit noyé par sa dernière victime; on y parle d’un crime et d’un viol perpétrés par trois garçons de bonne famille, trahis par un bijou sanglant qu’ils font rouler à terre à la sortie de l’église; on y parle de l’homme en habits rouges, celui qui a chevauché toute une nuit pour se recueillir au chevet de sa fiancée mourante; et de celle-ci qui fait la morte durant trois jours pour échapper à ses ravisseurs, et qui demande à sortir de sa tombe; et encore d’une femme qui empoisonne son mari avec un serpent vert plongé dans une pinte de vin rouge; et aussi d’un enfant mort qui voit des anges, et ces anges sont bleus, jaunes, verts et blancs.
Ces chansons, qui hésitent entre la légende et le fait divers, entre le fantastique et l’angoisse, entre le rêve et le cauchemar, sont d’une incroyable beauté littéraire et musicale. Les textes de ces chants appartiennent au patrimoine poétique français et européen. Les mélodies sont de véritables bijoux, héritières des mélodies modales et des systèmes musicaux médiévaux et liturgiques.
Après le spectacle et le disque Le Jardin de l'Ange " Noëls, cantiques, miracles et merveilles " qui explorait les chants sacrés de la tradition populaire française, Eric Montbel et sa bande ont choisi d’illustrer ces chansons fantastiques et légendaires. Sous le titre " Le Jardin des Mystères ", il s’agit donc d’un travail réunissant la même équipe musicale, composée de chanteuses, chanteurs, et des instruments populaires du Centre-France : cornemuses, vielle à roue, flûtes, harmonium d’église, auxquels s’ajouteront des instruments empruntés au domaine des musiques du Monde ou des musiques médiévales : harpe, saz, oud violon, percussions.
Autour de Sylvie Berger, chant, Elsa Montbel, chant, Marie Rigaud, chant, Laurence Charrier, harmonium, Richard Monségu, percussions, et Eric Montbel, cornemuses, clarinettes, flûtes, différents invités ont apporté leur contribution : André Ricros, Jean-François Dutertre (Mélusine) au chant, mais aussi Gabriel Yacoub (Malicorne) au chant et à la guitare, Anello Capuano (saz, oud), Guy Bertrand (Vielle à roue, flûtes), Françoise Johannel (harpes). Le disque a été enregistré dans le Château de Chazey par Pascal Cacouault. Il a été publié par Nocturne.